Premier documentaire de Hakim Atoui et Baptiste Etchegaray, La première marche suit le parcours d’un groupe d’étudiants pour organiser la première Marche des fiertés à Saint-Denis, et ainsi montrer un autre visage du 93, où il serait plus difficile qu’ailleurs d’être lesbienne, gay, bi, trans ou queer : celui d’une banlieue « intersectionnelle », où BANLIEUSARD.E.S rime avec FIER.E.S, et dans laquelle le fait d’être à la fois gay et musulman, lesbienne et issue de l’immigration ou bi et banlieusarde n’équivaut plus à une double peine.
Si La première marche touche, c’est évidemment par son combat, beau, courageux, nécessaire (l’apparent désintérêt des habitants de Saint-Denis quant à la manifestation, d’un côté, contre les 16% de la communauté LGBTQ+ tentés par les théories du Rassemblement national, de l’autre), mais c’est surtout, de manière plus surprenante, par ses hésitations entre reportage et portait intime, son désordre assumé, voire revendiqué comme homemade, le traitement de son sujet, parfois à la limite du reportage télévisé, qui apparaît de temps à autre presque superficiel face au discours théorique bétonné de ses protagonistes.
Ce sont ses manques, ses béances qui frustrent et obligent le spectateur à les combler, cette temporalité trop elliptique, entre la salle vide de mairie à la rue pleine, ces moments où le discours bien (trop ?) rôdé semble soudain patiner, qui interpellent. Et quand les mises en scènes de chacun se défont, laissant apparaître le véritable visage de ces jeunes gens entiers, réservés, même dans leur flamboyance, qui tentent de se dépasser pour une cause à laquelle ils croient corps et âmes, le film s’incarne enfin, pendant que l’espoir naît sous les traits de Yanis, Youssef, Annabelle ou Luca, ceux d’une jeunesse, belle, généreuse, combattive et optimiste.
14 octobre 2020 / 1h 04min / Documentaire
Nationalité Français
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